LE BIEN

Pop ratée - Marseille

Groupuscule manichéen d’outsiders vouant leur existence misérable à une quête d’absolu illusoire, mais palpitante. Rater sa pop, c’est faire acte d’humilité ; c’est la mise à nu préalable et nécessaire à toute mise en mouvement sur les chemins révérés. Le Bien organise alors le sabotage consciencieux de son œuvre dès son premier EP.

Sheeplanding : l’atterrissage d’un rapport au monde déviant, souffrant, mais amoureux. Le jeune mouton comme un symbole de pureté, de docilité aussi, n’aspirant qu’à trouver une place anonyme au sein de son troupeau. Mais également l’agneau sacrificiel, sale, piteux et grandiose, mutilé, humilié mais sacralisé au cours d’un rituel pieux et bien intentionné. Ainsi caractérise-t-on Le Bien : une aspiration mélodique de chaque instant, une volonté de se rendre agréable et de flatter l’oreille… mais également la tentation obsédante de percer le tympan, d’être hideux, d’exhiber sa défaillance et d’en faire un spectacle, comme autant de pensées envahissantes que l’on choisit raisonnablement de ne plus constamment réfréner.

Dès lors, la pop de guimauve est sacrifiée sur l’autel de la négation, méticuleusement gâchée par les saillies punk, la sidération des abstractions bruitistes et le vague-à-l’âme kraut tirant vers l’éternel. Les textes quant à eux, évoquant avec détachement les peurs, les hontes, les défaites normales, relatent d’un intime pessimiste, mais en paix avec la noirceur et la contradiction propres à l’âme humaine – sans écarter pour autant la possibilité d’un idéal réalisé, d’une utopie temporaire.

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Le Bien, crédit photo : Didier Landron